Introduction
Le blasphème, dérivé du latin blasphemia, est généralement défini comme un comportement ou un langage irrévérencieux envers Dieu, la religion ou envers quelque chose ayant un caractère sacré. C’est une question sensible pour beaucoup, surtout ceux qui ont une foi inébranlable dans leurs croyances, leurs chefs religieux, leurs livres saints, leurs lieux de culte et leurs rituels.
Quels actes peuvent être définis comme ‘irrévérencieux’ ? Quelle est la punition pour ceux qui commettent de tels actes et quel rôle doit jouer la loi dans la prévention du blasphème sont des questions qui ont suscité de grands débats et controverses. Les images de certains groupes musulmans exécutant des sanctions sévères à l’encontre des personnes ayant apparemment blasphémé contre l’Islam ou devenues apostats sont diffusées de manière horrifiante par les médias occidentaux. Voir des gens battus ou assassinés pour le crime de blasphème a laissé un impact profond sur le monde occidental.
Malheureusement, certains groupes musulmans égarés attribuent ces enseignements à l’Islam qui en est totalement étranger ; les médias relaient volontiers ces histoires au monde sans tenir compte du fait que de tels actes ne sont pas représentatifs des véritables enseignements de l’Islam.
Une personne est naturellement blessée à chaque fois que quelque chose qu’il considère comme sacrée est salie ou profanée. Beaucoup considèrent comme moralement répréhensible de blesser les sensibilités religieuses d’autrui, car cela peut troubler la paix et l’harmonie de la société et l’ordre public, tandis que d’autres croient que toute forme de censure restreint nécessairement les libertés. Ce qui détermine le niveau de tolérance religieuse d’une société c’est la liberté de tous de professer ouvertement, de pratiquer et de prêcher sa religion, en particulier les groupes minoritaires. A ce sujet, la justice doit non seulement s’appliquer, mais doit également être visible dans son application. Les actions ont davantage plus de poids que les paroles.
Une grande préoccupation à l’heure actuelle est le sujet de savoir si l’Islam prescrit une quelconque punition pour le blasphème. Tout vrai musulman aime et vénère le Saint Prophète Muhammad(saw), le Fondateur de l’Islam, plus que tout autre être humain. Un musulman peut tolérer des insultes contre ses parents, des proches ou des amis, mais il ne peut supporter qu’une personne se moque du Prophète Muhammad(saw). Mais comment exactement l’Islam enseigne-t-il à un musulman de réagir aux insultes contre le Prophète(saw), et par la même, aux insultes à l’encontre de Dieu ou d’une chose sacrée en Islam ? Malheureusement, de nombreux musulmans affirment que la mort ou d’autres mesures sévères sont les seules punitions possibles pour ceux qui commettent un blasphème. Cependant, comme on le verra, cette croyance est erronée et incorrecte aussi bien selon le Saint Coran que d’après la sounna, c’est-à-dire la pratique, du Saint Prophète(saw).
L’Islam enjoint un traitement équitable pour tous, y compris à ses ennemis :
« […] Et ne laissez pas l’hostilité d’un peuple vous inciter à agir autrement qu’avec justice. Soyez toujours équitables, car l’équité est plus près de la piété… » (Ch.5: V.9)
Mais l’Islam ne condamne pas seulement le blasphème envers Dieu. Il enjoint également de ménager les sentiments des polythéistes, interdisant aux musulmans d’injurier leurs idoles. Sur ce point, le Saint Coran déclare :
« Et n’injuriez pas ceux à qui ils en appellent à côté d’Allah, afin que, par dépit et dans leur ignorance, ils n’injurient pas Allah. […] » (Ch.6: V.109).
En d’autres termes, l’Islam enseigne aux musulmans d’être sensibles aux sentiments des autres, peu importe à quel point ils sont en désaccord avec eux. L’implication de ce verset est que s’il est interdit aux musulmans de calomnier les fausses idoles ; il ne peut certainement pas être permis aux musulmans de s’attaquer aux autres sectes de l’Islam ou à d’autres religions.
Ici, nous allons examiner le concept de blasphème à la lumière des vrais enseignements de l’Islam, et analyser les conséquences des interprétations erronées des versets coraniques par les savants musulmans dans des pays tels que le Pakistan. Le Pakistan a la 2ème plus grande population musulmane au monde après l’Indonésie, et approximativement 97% de ses 170 millions d’habitants sont musulmans. Une analyse des lois infâmes sur le blasphème au Pakistan à la Par Khalid Saifullah Khan – Australie in Review of religions Traduction Dr. IDRISS KONÉ lumière du Coran, le Hadith et la Sounna est pertinente car il est important de révéler que les médias occidentaux visent à tort ces lois dites ‘islamiques’ dans les pays musulmans pour tenter de prouver que l’Islam prône une justice sévère, excessive et médiévale, alors que la réalité est que ces lois ne reflètent pas le véritable Islam mais en réalité une interprétation totalement erronée de la loi islamique.
Blasphème contre liberté d’expression
Une critique soulevée contre la restriction du blasphème est que, si elle est mise en application, elle restreint la liberté d’expression. La liberté de parler librement, sans censure, est un droit humain fondamental qui doit être garanti aux citoyens de chaque Etat juste. Bien que la liberté d’expression soit nécessaire pour le progrès et le développement d’une société, cependant, cette liberté, comme toutes les autres libertés, n’est pas démesurée.
La vérité est que les sensibilités religieuses et la liberté d’expression sont importantes et doivent être protégées. Il n’y a pas de conflit si les deux fonctionnent dans leurs champs d’action et n’interférèrent pas l’un dans le domaine de l’autre. Pourtant, il y a des moments où la sensibilité et la liberté seront en conflit. Néanmoins, bien que l’Islam considère le blasphème comme odieux et offensant, il ne prescrit pas de châtiment corporel, car cela porterait gravement atteinte à la liberté d’expression.
Discutant de cette question, Hadhrat Mirza Tahir Ahmad (rh) (1928-2003), le quatrième Calife de la Communauté musulmane Ahmadiyya, dans son ouvrage ‘Problèmes des temps modernes, les solutions de l’Islam écrit :
« (Concernant) le blasphème: l’Islam va plus loin que toute autre religion dans l’octroi de l’homme la liberté de parole et d’expression. Le blasphème est condamné pour des raisons morales et éthiques, sans doute, mais pas de punition physique n’est prescrite contre le blasphème dans l’Islam malgré l’opinion communément répandue dans le monde contemporain. Après avoir largement étudié le Coran et de façon répétée avec une attention soutenue, je n’ai pas réussi à trouver un seul verset qui déclare que le blasphème est un crime punissable pour l’homme. »
La seule restriction importante à la liberté d’expression dans l’Islam concerne des paroles pouvant être blessantes envers les croyances d’une personne. Ceci est considéré comme immoral, et cette restriction englobe également le blasphème. Le Saint Coran affirme:
« Des propos inconvenants tenus en public déplaisent à Allah, sauf de la part de celui qui subit une injustice […] » (Ch.4: V.149)
Hadhrat Mirza Tahir Ahmad(rh) explique:
« Bien que le Saint Coran décourage fortement les comportements et des paroles indécents, ou des attitudes qui, que cela soit justifié ou pas, blessent la sensibilité d’autrui, l’Islam ne préconise pas de punition contre le blasphème dans ce monde, ni a-t-il investi une quelconque autorité à cet effet. »
Le blasphème commis contre tous les prophètes de Dieu
Il n’y a eu aucun prophète contre qui des paroles désobligeantes n’ont pas été proférées. Le Saint Coran affirme que Dieu a envoyé un Avertisseur à chaque peuple, et tous ces prophètes ont fait l’objet de railleries :
« Ensuite, Nous envoyâmes Nos Messagers l’un après l’autre. Chaque fois qu’à un peuple venait son Messager, ils le déclaraient menteur. […] » (Ch.23: V.45).
Un autre verset du Saint Coran souligne aussi :
« Hélas pour les gens ! Aucun Messager ne vient à eux sans qu’ils ne se moquent de lui. » (Ch.36: V.31)
Le Saint Coran souligne également que Mariera et Jésus(as) furent victimes d’accusations blasphématoires:
« Et à cause de leur mécréance et d’une grave calomnie qu’ils ont proférée contre Marie. » (Ch.4: V.157)
Selon ce verset, les Juifs à l’époque de Jésus(as) commirent un grave blasphème en déclarant Mariera impure et en alléguant que la naissance de Jésus(as) était douteuse.
Pourtant, malgré le fait que le Saint Coran confirme que tous les prophètes ont fait l’objet d’attaques, il n’ordonne pas de punir les blasphémateurs.
Blasphème contre le Saint Prophète Muhammad(saw)
Le Saint Coran mentionne de nombreux propos blasphématoires tenus par les non-croyants et les hypocrites à l’encontre le Saint Prophète Muhammad(saw) sans prescrire de punition corporelle pour leurs auteurs:
« En vérité, ceux qui calomnient Allah et Son Messager, Allah les a maudits dans ce monde et dans l’Au-delà et leur a préparé un châtiment humiliant. Et ceux qui calomnient les croyants et les croyantes, pour ce qu’ils n’ont pas mérité, porteront la culpabilité d’une calomnie et d’un péché manifeste. » (Ch.33: Vs.58-59)
Il convient de noter que le ‘châtiment avilissant’ pour le blasphème contre Dieu et Son Messager(saw) revient à Dieu Seul et il Lui revient de punir ces personnes dans ce monde ou dans l’au-delà. Le pouvoir de punir les blasphémateurs n’a été délégué à personne, pas même au Saint Prophète(saw).
Le Saint Prophète(saw) a été maintes fois raillé par les incroyants. Le Saint Coran souligne que ses adversaires ont affirmé qu’il était ‘un fou’ (CH.15: V.7) et ‘un insensé’ (Ch.23: V.71). En effet, la plupart des mécréants pensaient qu’il était ‘un homme ensorcelé’ (ch.17: V.48) et le traitèrent de menteur. En outre, il a été qualifié de ‘poète’ et de ‘fabricateur’ par les mécréants (Ch.16: V.102).
Mais les propos blasphématoires ne s’arrêtèrent pas là. Non seulement se livrèrent-ils à des attaques personnelles sur le Saint Prophète(saw), ils insultèrent également le Coran, le désignant comme un livre de ‘rêves confus’. En effet, le Saint Coran lui-même souligne le fait qu’ils ne virent en ses enseignements que de ‘simples fables d’anciens’ (Ch.16: V.25).
Mais cela ne suffisait pas aux mécréants, en plus, ils déchirèrent le Coran en pièces et exhortèrent les gens à ne pas l’écouter; en fait, ils encouragèrent les autres à faire du bruit quand il était récité.
Et pourtant, comme le Messie Promis(as) le souligne, le Saint Coran est la plus grande bénédiction accordée à l’humanité:
« Le Saint Coran est la source de votre salut pour tout progrès et succès… et il rendra témoignage de votre foi ou de votre incroyance le Jour du Jugement… appréciez donc la valeur des bienfaits qui vous sont accordés. C’est une bénédiction précieuse et un grand trésor… »
Le Saint Prophète(saw) aimait et chérissait le Saint Coran à un tel point que chaque fois qu’une partie de celui-ci lui était révélé, il le mémorisait et emmenait son texte tout entier avec lui partout où il allait. Compte tenu de la révérence que les musulmans accordent au Saint Coran, toute insulte à son égard, serait également considéré comme blasphématoire.
Malgré les mauvais traitements et le manque de respect montrés à la fois contre le Saint Prophète(saw) et le Saint Coran, Dieu lui ordonna de ne pas riposter. Dieu dit :
« Nous te suffisons assurément contre les railleurs » (Ch15: V.96)
En d’autres termes, Dieu Lui-même suffit pour faire face à ceux qui commettent un blasphème contre Lui, le Saint Prophète(saw) ou le Saint Coran et Il ne permet pas à quiconque de se charger de la punition à cet sujet. Le Saint Prophète(saw) fut enjoint par Dieu de demeurer patient et lui dit:
« Et ne suis pas les mécréants et les hypocrites, et ne fais pas attention à la persécution qu’ils te causent, et place ta confiance en Allah; car Allah suffit comme Protecteur » (Ch.33: V.49).
Le Saint Coran donne des indications claires sur la façon dont les musulmans doivent se comporter quand ils sont confrontés à des blasphémateurs. Au lieu de punir les blasphémateurs, les croyants sont invités à quitter la compagnie de ces personnes jusqu’à ce qu’ils changent de sujet de conversation. Allah dit:
« […] lorsque vous entendrez les mécréants nier et se moquer des signes d’Allah, ne vous asseyez pas en leur compagnie tant qu’ils n’aient changé de conversation, sinon vous seriez tout comme eux […] » (Ch.4: V.141)
En présence d’un si bel enseignement coranique, comment quiconque peut-il prétendre que la peine de mort pour blasphème est justifiée dans l’Islam?
Interprétations extrémistes de l’Islam
Il est clair que le Coran ne fait pas allusion même d’un iota à la peine de mort pour ceux qui blasphèment contre lui ou contre l’Islam. Malheureusement, le comportement des groupes extrémistes qui prétendent être musulmans, et l’introduction de la soi-disant charia dans les pays musulmans, a conduit les médias à pointer l’Islam du doigt en général. Cependant, ni ces groupes extrémistes, ni les gouvernements musulmans pratiquent les véritables enseignements islamiques. Au Pakistan, par exemple, plusieurs sections de son Code pénal comprennent des lois sur le blasphème. Le blasphème mérite la peine de mort en vertu de l’article 295C du Code pénal pakistanais:
« L’utilisation de remarques désobligeantes, etc. à l’égard du Saint Prophète(saw) : Quiconque par des mots, à l’oral ou à l’écrit, ou par des représentations visibles, ou par toute imputation, assertion, ou insinuation, directement ou indirectement, profane le nom sacré du Saint Prophète Muhammad (paix soit sur lui) sera puni de mort ou d’emprisonnement à vie et est également passible d’une amende. »
En 1987, la Cour fédérale de la charia a révisé la loi en légiférant que seule la peine de mort devait sanctionner le blasphème et qu’aucune peine plus souple ne pouvait être appliquée. En conséquence, en 1990, la peine alternative d’emprisonnement à perpétuité a été retirée et ainsi la mort est devenue la seule sanction pour le délit de blasphème. Cette décision a ouvert une voie à l’extrémisme et au terrorisme que le gouvernement était par la suite incapable de contrôler. Le fait que la loi soit si vague à savoir la clause « par toute imputation, assertion, ou insinuation, directement ou indirectement » peut être interprétée de façon incroyablement liberticide et signifie que tout type de discours peuvent être poursuivi en vertu de cette loi.
En effet, il y a eu de nombreux cas récents au Pakistan qui révèlent que l’extrémisme avait pour support cette loi. Par exemple, Salman Taseer, gouverneur du Pendjab, qui avait soutenu les réformes de la loi sur le blasphème, a été assassiné en décembre de l’année 2010 pour son opposition à la loi actuelle. Et le cas d’Asia Bibi, une chrétienne condamnée à mort pour avoir prétendument insulté l’Islam, a attiré l’attention du monde entier. En d’autres termes, les effets dangereux de cette loi ne sont pas purement académiques, ils sont bien réels.
En 1987, dans sa décision, la Cour a rendu un jugement de 30 pages utilisant des citations du Coran, des Traditions d’un livre de Hadith autre que ceux des ‘Six Sahih’ (largement considéré comme les livres les plus authentiques de la tradition). Aucun paragraphe n’a été consacré aux points de vue opposés. Les principaux fondements de l’affaire reposait sur deux idées fondamentales: d’abord, que le blasphème est pratiquement assimilable à l’apostasie, et d’autre part, l’idée est que celui qui insulte le Prophète(saw) est, en fait, en train de lui faire de la guerre.
Le blasphème apparemment équivaut à l’apostasie
La première raison supposée justifiant de la peine de mort est l’idée qu’une personne qui utilise des paroles désobligeantes contre le Saint Prophète(saw) devient apostat et que le châtiment de l’apostasie est la mort. Le verdict de la Cour de la charia dit :
« Maulana Subhan Mahmood a invoqué les versets: 9:65 et 66; 33:57; 49: 2; 2: 217; 5:75; 39: 1, 65; 47:28. Il a raconté quelques hadiths et les opinions dans lesquels le blasphémateur a été considéré comme un apostat. Il a en outre invoqué un hadith rapporté sur l’autorité de Abu Qulabah dans lequel la punition prescrite contre le blasphémateur est la mort. Il a également invoqué le Hadith rapporté par Qazi Ayaz que le Saint Prophète a dit: ‘Tuer la personne qui abuse du Prophète et fouettez celui qui abuse de ses compagnons’. »
Il y a plusieurs problèmes avec ce point de vue. Tout d’abord, il est inexact de prétendre que des paroles irrespectueuses sont semblables à l’apostasie. Le Saint Coran fait mention de nombreux propos et actes irrespectueux des hypocrites. Pourtant, ils ne furent pas expulsés du corps de l’Islam, ils ne furent pas non plus tués pour apostasie.
De plus, même si le blasphème équivalait à l’apostasie, il est malavisé de croire que le Saint Coran prescrit la peine de mort pour un apostat. Au contraire, alors que le Coran mentionne à plusieurs reprises ceux qui ont mécru après avoir cru, il ne préconise en aucune manière que ceux-ci doivent être tués ou punis. Le Saint Coran affirme:
« […] Et quant à ceux d’entre vous qui se détourneront de leur foi et qui mourront incroyants, leurs œuvres seront stériles dans ce monde et dans l’autre […] » (Ch.2:V.218)
Il est à noter que ce verset n’affirme pas que celui qui a mécru doive être mis à mort, il ne fait que souligner le sort de celui qui meurt en ayant renié sa foi. Le Saint Coran n’aurait pas utilisé cette phrase s’il avait voulu que les musulmans punissent de mort les apostats.
Un autre verset coranique indique également :
« Assurément, ceux qui ne croient pas après avoir cru, et dont l’incroyance augmente, leur repentir ne sera point accepté ; ce sont eux les égarés » (Ch.3: V.91)
Si la peine de mort avait été prescrite pour apostasie, il n’aurait pas été possible pour les apostats ‘d’augmenter leur incroyance’. Ni, d’ailleurs, aurait-il été possible pour eux de se repentir.
Le Saint Coran, se référant à un groupe d’hypocrites, dit:
« Et une partie des Gens du Livre disent : « Croyez à ce qui a été révélé aux croyants pendant la première partie de la journée et ne croyez pas pendant la dernière partie de la journée ; il se peut qu’ils reviennent » (Ch.3: V.73)
Mais s’il était vrai que le Saint Prophète(saw) avait prescrit la peine capitale pour les apostats, ce plan aurait été vain. Au lieu de cela, ce verset souligne le fait que ce groupe était en fait capable de croire et ne pas croire sans aucune conséquence négative dans ce monde.
Il est possible que cette idée erronée ait été causée par le fait qu’à l’époque du Saint Prophète(saw), les musulmans étaient engagés dans des guerres défensives et ceux qui étaient devenus apostats auraient rejoint l’ennemi par la suite et auraient donc été considérés comme faisant partie du camp adverse. Dans ce cas, si un apostat fut tué, il le fut non pas en raison de son apostasie, mais parce qu’il faisait partie d’une force opposante commettant des assassinats ou d’autres crimes de guerre.
En outre, le point de vue selon lequel les apostats sont passibles d’être tués selon l’Islam est en totale contradiction avec l’injonction claire du Saint Coran:
« Il ne doit pas y avoir aucune de contrainte en religion […] » (Ch.2: V.257)
De toute évidence, ce verset explique que la religion est une question de choix personnel. Nul ne peut être contraint de demeurer musulman contre sa volonté.
Une loi sur le blasphème est incompatible avec la pratique du Saint Prophète(saw)
La vie du Saint Prophète(saw) est une belle illustration du mot pardon, comme le démontre des incidents de sa vie parfaite où il a gracié même ses pires ennemis. Par exemple, le Saint Coran mentionne les propos d’Abdullah Ibn Ubayy qui, en compagnie des autres, se faisait appeler « le plus honorable » et se référait au Saint Prophète(saw) comme « le plus misérable » (Ch.63: V 9). Cependant, Abdullah Ibn Ubayy ne subit aucune sanction et il vit paisiblement à Médine jusqu’à ce qu’il décède d’une mort naturelle. De plus, le Saint Prophète(saw) dirigea lui–même sa prière funéraire.
Un autre exemple du caractère patient du Saint Prophète(saw) est démontré lorsque la Mecque tomba sous ses mains. Il pardonna à tous ceux qui l’avaient rejeté en le traitant de sorcier, de fou, ou de menteur.
Le Saint Prophète(saw) pardonna également à Abou Soufyan, le chef mecquois qui menait la plupart des guerres contre lui, à Wahshi, qui avait tué Hadhrat Hamzara son oncle et à Hinda, l’épouse d’Abou Soufyan, qui avait, par dépit, arraché et mâché le foie de Hadhrat Hamzara.
En outre, il gracia aussi Habbar, qui avait transpercé et abattu le chameau qui transportait Hadhrat Zainabra, sa fille, de la Mecque à Médine. En conséquence de cet acte, Hadhrat Zainabra, qui était enceinte, avorta puis décéda par la suite. Et pourtant, le Saint Prophète(saw) lui pardonna.
Mais ce ne sont là que quelques exemples; la vie du Saint Prophète(saw) est remplie d’exemples de pardon même envers ses pires ennemis. Il était d’une miséricorde incommensurable jamais égalée. En effet, Dieu Lui-même a qualifié le Saint Prophète(saw) de ‘miséricorde pour toute l’humanité’.
Par conséquent, prétendre que la loi 295-C est conforme à la pratique du Saint Prophète(saw) revient à dire qu’il a mis à mort tous ceux qui par des mots, proférés ou écrits, ou par des représentations visibles, ou par toute imputation, assertion, ou insinuation, directement ou indirectement, profané son nom sacré. Une telle vision n’est tenue que par ceux qui prennent plaisir à s’attaquer aux autres au nom de Dieu, elle ne peut être étayée par des faits de la vie du Saint Prophète(saw). En fait, une telle compréhension est tout le contraire de ce que Dieu dit à propos du traitement du Saint Prophète(saw) envers les non-musulmans:
« Et c’est grâce à la miséricorde infinie d’Allah que tu es bienveillant envers eux, car si tu avais été sévère et avais un cœur dur il est certain qu’ils se seraient éloignés de toi. Pardonne-leur donc et prie Allah de leur accorder Sa Grâce; et consulte-les dans des affaires importantes et puis une fois que tu t’es décidé, alors fais confiance à Allah. Assurément, Allah aime ceux qui Lui font confiance. » (Ch.3: V.160)
Ces paroles de Dieu donnent un aperçu du beau caractère du Saint Prophète(saw), dont le trait le plus important était sa miséricorde incommensurable. Il était plein de tendresse humaine et était non seulement gracieux envers ses compagnons et disciples, mais a également été imprégné d’une inimaginable miséricorde et sympathie même pour ses ennemis qui étaient toujours prêts à s’attaquer à sa personne. Il est consigné dans l’histoire qu’il n’a pris aucune mesure contre ces hypocrites perfides qui l’avaient abandonnés à la bataille de Ouhoud; au contraire, il les a même consultés dans les affaires de l’Etat.
À la lumière de l’exemple exquis du Saint Prophète(saw), il serait, en fait, un acte grave de blasphème de déclarer que le Code pénal pakistanais est totalement soutenu par la sounna (la pratique) du Saint Prophète(saw). Tous les amoureux du Saint Prophète(saw) devraient sérieusement réfléchir à cette question. Il peut donc en toute conscience être conclu que le blasphème n’est puni d’aucune sanction pénale en vertu de la loi islamique, comme cela a été prouvé à partir de références puisées du Saint Coran et d’exemples de la belle vie menée par le Saint Prophète(saw). Les infractions spirituelles ne doivent être vengées que par des moyens spirituels.
Conclusion
Hadhrat Mirza Masroor Ahmad(atba), cinquième successeur du Messie Promis(as) et Chef de la Communauté musulmane Ahmadiyya a déclaré lors d’un sermon du vendredi qu’à notre époque, plus que quiconque, le Messie Promis(as) a compris et glorifié le statut du Saint Prophète(saw). Le Messie Promis(as) a écrit:
« Cette lumière des plus sublimes qui est l’apanage de l’homme parfait, n’a été donnée ni aux anges ni aux étoiles, ni à la lune ni au soleil. Cette lumière ne se trouve pas dans les océans qui recouvrent la terre ou dans les fleuves qui la sillonnent. Rubis, saphirs, émeraudes, diamants et perles en sont dépourvus. En un mot, elle ne se trouve dans aucun objet céleste ou terrestre. Elle se manifeste uniquement en l’homme, c’est-à-dire en l’homme parfait, dont l’expression la plus exaltée est notre maître, le chef des prophètes, Muhammad le choisi […] » (Essence de l’Islam, vol .1)
Et le Messie Promis(as) a en outre déclaré au sujet du Prophète Muhammad(saw):
« On ne peut atteindre la limite de son statut élevé et il n’est pas donné à l’homme d’estimer comme il se doit son efficacité spirituelle. Il est dommage que son rang n’a pas été reconnu, comme il aurait dû. Il était le champion qui a restauré au monde l’unicité de Dieu qui avait disparu; il aimait Dieu dans l’extrême et son âme fondait par sympathie pour l’humanité […] » (Essence of Islam, Vol.1)
Le Messie Promis(as) a somptueusement résumé comment les musulmans pourraient mieux défendre l’honneur du Prophète Muhammad(saw) et répondre aux insultes et abus dirigés contre sa personne. Le Saint Coran nous fournit de nombreuses instructions à l’humanité, tels que: adorer le Seul Dieu et l’accomplissement de ses obligations, être compatissant envers toute la création de Dieu, être sincère dans toutes les circonstances, respecter ses promesses, se décharger de ses responsabilités envers sa famille et ses proches, pardonner, être humble, faire confiance à Dieu dans chaque situation et ainsi de suite. Le Saint Prophète(saw) a brillamment appliqué tous les commandements du Saint Coran. Le Prophète(saw) n’a jamais prononcé un mensonge, jamais rompu une promesse, jamais agi brutalement envers quiconque et était toujours aimable envers tous les peuples. Il était le modèle parfait de toutes les vertus et les qualités morales énumérées dans le Saint Coran, dans la mesure où même les plus féroces ennemis de l’Islam le respectait et l’appelait « Al-Amine » (digne de confiance) et « As-Siddiq » (le véridique).
Un véritable musulman, donc, en plus d’invoquer le Daroud (envoyer des salutations sur le Saint Prophète(saw), devrait s’efforcer de suivre l’exemple laissé par le Saint Prophète(saw). Il doit obéir à toutes les injonctions données par Dieu, et s’efforcer de mener chaque moment de sa vie dans la façon dont le Prophète(saw) l’a faite. Quand un musulman adopte cette approche, son Daroud émanera de son cœur, et il deviendra un parangon de vertu et de hauts standards moraux. Ceci est la façon dont l’honneur du Saint Prophète(saw) doit vraiment être rehaussé, plutôt que de tenir des rassemblements et brûler des pneus etc .. Pour faire taire les autres, un musulman doit suivre l’exemple du Prophète(saw), et ainsi ne donner aucune éventualité à quiconque de soulever des objections contre l’Islam ou l’invectiver. Ainsi, son excellent comportement conduirait les gens, même les adversaires de l’Islam, de se lever et prendre note, et louanger les enseignements de l’Islam et la personne du Saint Prophète(saw) pour avoir inspiré une si excellente conduite.
Par Khalid Saifullah Khan – Australie in Review of religions
Traduction Dr. IDRISS KONÉ