Crise ukrainienne : la solution du Calife de l’Islam Ahmadiyya

La crise ukrainienne peut rapidement prendre des proportions beaucoup plus inquiétantes et conduire à une troisième guerre mondiale. Le Calife de l'Islam Ahmadiyya avait pourtant mis en garde les dirigeants mondiaux et apporté une solution pour éviter une telle situation.

Par Asif Arif

La crise ukrainienne révèle la fragilité de la paix et l’omniprésence de la guerre. Qu’elle soit motivée pour des considérations économiques (principalement menées par les complexes militaro-industriels) et par des considérations géostratégiques, la situation actuelle a démontré que même l’Europe, continent fondé sur l’idée de paix, n’est pas à l’abris d’un conflit mondial, impliquant toutes les puissances mondiales.

            Désormais, tous les pays sont en état d’alerte et les sanctions économiques actuellement adoptées vont se répercuter de plein fouet sur les peuples et les nations du monde entier à travers l’augmentation des prix du gaz, l’inflation et bien d’autres crises économiques que nous ne sommes pas même en mesure de prévoir. Le prix des matières premières a commencé à s’envoler alors que les pays Occidentaux sortent à peine d’une pandémie mondiale qui a épuisé leurs économies internes.

1.Les raisons stratégiques du conflit ukrainien et les risques internationaux

            La situation de l’Ukraine est au cœur de plusieurs conflits qui durent depuis des années. Sans nous prétendre spécialiste, nous pouvons toutefois dépeindre les éléments généraux appelant à cette crise qui est aux torts partagés de l’OTAN, de l’Union Européenne et de la Russie.

            Il faut noter que depuis la chute de l’Union Soviétique, l’OTAN a tacitement pris l’accord de ne pas poster une armée ou une base près des frontières russes. L’idée étant que l’amassage d’une armée aux frontières russes serait vécu comme une agression par les Russes et, en conséquence, comme une menace pour leur sécurité et leur intégrité. C’est la raison pour laquelle la Finlande, par exemple, a dû adopter un statut de neutralité.

            Or, l’Ukraine est aux frontières de la Russie et le Président Poutine a toujours demandé aux membres de l’OTAN un statut particulier pour ce pays. Ce sont ces considérations géopolitiques qui ont amené les grandes puissances européennes à conclure un premier accord de Minsk qui sera un échec puis un second accord de Minsk avec comme garants de cet accord les européens et plus particulièrement les Français et les Allemands.

            Le second accord de Minsk prévoyait que l’Ukraine devait organiser des élections dans les provinces actuellement au cœur du conflit (dont notamment le Donbass) et que des réformes constitutionnelles devaient être entreprises afin de reconnaitre la minorité russophone et l’autonomie desdites région. A son arrivée aux rênes du pays, le Président ukrainien, composant avec son opinion publique, a tenté de modifier l’accord et refusé de mener les réformes nécessaires à l’autonomisation des régions concernées.

            Après l’annexion de la Crimée, qui s’est faite au détriment du droit international, la Russie se sentant progressivement en insécurité (que ce sentiment soit réel ou supposé) a décidé de mener une offensive militaire spéciale contre l’Ukraine mettant ainsi tous les principes internationaux de côté. Face aux sanctions économiques et aux soutiens de l’Ukraine, le Président Poutine est allé jusqu’à demander à son armée de mettre sa force de dissuasion nucléaire en régime spécial.

            Cette situation est le fruit de multiples responsabilités mais également d’une guerre effrénée à la mainmise sur les énergies. Elle traduit de l’effondrement de la bipolarité du monde avec les Atlantistes d’un côté et l’union sino-russe de l’autre, car ces deux blocs n’arrivent plus à assurer l’équilibre « naturel » du monde dans lequel nous vivons. Cela est sans discuter des pays du sud qui sont mis au banc des questions énergétiques, mais qui sont appelés à jouer leurs rôles dans la lutte contre le terrorisme ou l’engagement contre les aggravations climatiques

2.La théorie de la collectivisation des énergies prônées par Hadhrat Mirza Masroor Ahmadaba

            Si le Pape François rappelle à travers de grands principes la nécessité de mettre en œuvre la paix, tout comme le Dalaï Lama, aucun leader religieux n’a jusqu’aujourd’hui façonné la théorie de la collectivisation des énergies qui pourrait amener à la paix telle que l’a développé le Calife de la Communauté Musulmane Ahmadiyya, Hadhrat Mirza Masroor Ahmadaba.

            Dans un discours applaudi par plusieurs membres du Congrès Américain, le Calife de la communauté musulmane Ahmadiyya est revenu sur la nécessité de collectiviser les énergies et a présenté des principes permettant de mettre en œuvre une telle collectivisation tout en les fondant intégralement sur les enseignements de l’islam et sur les agissements du Prophète de l’islam.

            Il pose un constat d’emblée en associant étroitement deux notions : celle de la paix et de la justice en soutenant que la paix ne peut pas être obtenue sans justice, et sans justice il nous sera impossible d’établir une paix durable. Il soutient que le Coran établit clairement qu’il existe une égalité de tous les êtres humains et que cette égalité abat toute revendication de supériorité de l’un sur l’autre : ainsi, dans son Sermon d’Adieu, le Prophète Muhammad a affirmé clairement qu’un Arabe n’est pas supérieur à un non-Arabe pas plus qu’un non-Arabe n’est supérieur à un Arabe. Il a enseigné qu’une personne blanche n’est pas supérieure à une personne noire, comme une personne noire n’est pas supérieure à une personne blanche.

            Ainsi, lorsque certains médias parlent d’une crise des réfugiés et qu’ils soutiennent que nous devons accueillir les ukrainiens car « ils nous ressemblent » ou ce « ne sont pas des syriens », il s’agit là d’une discrimination qui aboutit à une injustice, laquelle ne pourra pas permettre de poser les fondations solides d’une paix durable. Tant qu’on ne voudra pas pour son frère ce que l’on souhaite pour nous-même, aucune avancée concrète ne sera significative.

            Dans son discours, le Calife soutient : « Le Saint Coran dans le verset 89 du chapitre 15 préconise une autre condition pour instaurer une paix fondée sur la justice entre les peuples : ce verset prévoit qu’aucune partie ne doit regarder avec envie les ressources ou les richesses d’une autre. De même, aucun pays n’est autorisé à faire main basse sur les ressources d’un autre sous le prétexte fallacieux de l’aide au développement. D’autre part, en feignant apporter leur expertise technique, les États ne devraient pas spolier d’autres nations en signant des accords commerciaux inéquitables ou détourner les ressources naturelles ou les actifs des pays en développement. Certes il faut former ces peuples ou ces gouvernements sur l’usage judicieux de leurs ressources naturelles s’ils ne sont pas à même de le faire. »

            Il poursuit : « Les nations et les gouvernements devront toujours chercher à servir et à aider les moins fortunés. Par ailleurs, un tel service ne doit pas être rendu avec pour objectif de satisfaire des ambitions politiques ou comme un moyen de servir des intérêts. Nous nous apercevons que les Nations Unies, durant les six ou les sept dernières décennies, ont lancé plusieurs programmes ou fondations ayant pour objet d’aider les pays pauvres à s’ouvrir les voies du progrès. En se prémunissant de cet effort, ils ont exploré les ressources naturelles des pays en voie de développement. Nonobstant ces efforts constants, aucun des pays pauvres n’a pu accéder au niveau des pays développés. »

            Enfin, Hadhrat Mirza Masroor Ahmadaba ajoute : « C’est la raison pour laquelle l’islam attire notre attention sur les différents moyens d’aboutir à la paix. Cela requiert une justice absolue. Il nécessite également qu’un témoignage véridique soit toujours présenté. Cela nécessite que nos yeux ne soient pas constamment posés sur la richesse d’autrui. Cela exige que les pays développés mettent de côté leurs intérêts et contribuent à l’aide et au service des pays pauvres et moins développés avec une attitude et un esprit désintéressés et vertueux. C’est dans l’observation rigoureuse de l’ensemble de ces facteurs que la paix pourra être établie. »

            Cette mise de côté des intérêts et l’appréhension vertueuse des relations internationales peut apparaitre comme surprenante et idyllique mais elle demeure la seule solution afin d’inscrire le monde dans une paix durable. Il sera nécessaire d’abandonner la course folle à l’or noir, à l’uranium et aux matières premières pour satisfaire les désidératas des consommateurs nationaux et vassaliser les peuples. Sans cela, aucune justice ne peut être obtenue.

            Le constat posé par le Calife conduit naturellement à la collectivisation des énergies de sorte que cela se passera nécessairement pas deux éléments : (i) une réduction de la consommation d’énergie par les pays développés et (ii) un meilleur accès à l’énergie pour les pays en voie de développement. Cela traduirait d’une vision équitable des relations internationales qui ne pousserait pas un pays à regarder les ressources de l’autre avec convoitise. Comme je l’écrivais, aucun leader mondial n’a proposé un exemple de théorie des relations internationales fondée sur un nouveau paradigme.

            Si nouveau monde il devait y avoir, il serait celui-ci. A défaut, nous ouvrons les portes d’un conflit si important, dont l’homme dit « moderne » ne peut en mesurer les conséquences.


À propos de l’auteur : Asif Arif est membre de la Communauté musulmane Ahmadiyya, avocat au Barreau de Paris, et auteur spécialiste des questions de religions et laïcité.

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