Si Dieu Existe, Pourquoi Est-Il Invisible ?

L’existence de Dieu a toujours été remise en cause depuis les origines de l’humanité. Mais avec l’essor de la science depuis le XIXe siècle, l’athéisme a pris de l’ampleur. Mirza Bashir-Ud-Din Mahmud Ahmad répond aux athées en puisant ses arguments du Coran.
AMAL

En ces temps, de toutes les objections soulevées contre la religion par le monde matérialiste, la plus importante concerne l’existence de Dieu. Les polythéistes associent certes des partenaires à Dieu, mais au moins ils croient en Lui. Les athées, quant à eux, rejettent l’idée même d’une divinité. Les fondements de la science contemporaine reposent sur [le principe de] l’observation. Par conséquent, les athées soutiennent que si un dieu existe, il doit leur être visible, sinon ils ne pourront croire en Lui. La modernité a éradiqué le concept du Dieu Saint du cœur de la plupart de nos jeunes. Des centaines d’étudiants, d’avocats et d’autres professionnels nient Son existence et leur nombre augmente de jour en jour. De plus, le cœur de milliers d’autres est dépourvu de la foi en Dieu, bien qu’ils ne le confessent pas ouvertement par crainte des répercussions sociales. Depuis un certain temps j’avais pris la résolution – si Dieu m’en offrait l’opportunité – d’écrire et de publier un court traité sur ce sujet, dans l’espoir que quelque âme chanceuse puisse en profiter.

Faut-il voir Dieu pour croire en Lui ?

Les athées soutiennent qu’ils croiraient en Dieu s’ils pouvaient Le voir. J’ai maintes fois entendu cet argument et il me surprend toujours car les gens perçoivent différents types de propriétés physiques par différents sens : [certaines par] la vue, d’autres par le toucher, l’odorat, l’ouïe ou le goût. À titre d’exemple, la couleur est reconnue par la vue plutôt que par l’odorat, le toucher ou le goût. Si untel nie son existence au motif qu’il ne peut pas la discerner au moyen de son ouïe, ne sera-t-il pas considéré comme stupide ? De même, le son est perçu par l’ouïe. Insister qu’on doit « voir » la voix d’un orateur pour accepter qu’il parle n’est-il pas une ineptie ?

On reconnaît les parfums par l’odorat. Celui qui insiste qu’il doit « goûter » à l’arôme de la rose pour accepter son existence est-il doué de bon sens ? Les saveurs telles que le sucré, l’acide, l’amer, le salé, sont connues à travers le goût et pas par l’odorat. Insister qu’il faut nécessairement voir à l’œil nu pour croire et nier l’existence de tout ce qui est invisible n’est pas une position raisonnable. Cela reviendrait à nier l’existence du parfum de la rose, de l’aigreur du citron vert, de la douceur du miel, de l’amertume de l’aloès, de la dureté du fer et de la beauté de la [voix humaine] : aucun de ces phénomènes n’est perçu par la vue, mais par l’odorat, le goût, le toucher et l’ouïe. L’affirmation qu’il faut voir Dieu pour croire en Lui est des plus erronées. Ces détracteurs reconnaissent-ils le parfum d’une rose ou la douceur du miel à l’aide de leur vue ? Si tel n’est pas le cas, pourquoi insistent-ils sur la vue comme facteur déterminant de la croyance en Dieu ?

Nous admettons d’ailleurs la présence de nombreuses parties du corps humain sans même les avoir vues : leur existence est indéniable. Croit-on en la présence de son cœur, de son foie, de son cerveau, de ses intestins, de ses poumons et de sa rate qu’une fois les avoir vus ? Si untel tentait de prélever ses organes dans l’espoir de les voir afin de croire leur existence, il mourra avant d’avoir eu la chance de les contempler.

Ces exemples visent à démontrer que tout objet n’est pas reconnu par la vue uniquement : certains sont perçus par un des autres cinq sens. Je présente ici-bas ces phénomènes qui sont reconnus, non pas directement à travers les cinq sens, mais par des moyens différents. L’existence de l’esprit, de l’intellect et de la mémoire est indéniable. Pourtant, a-t-on déjà vu, entendu, goûté, senti ou touché l’intellect ? Comment reconnaît-on l’existence de l’intellect et de la mémoire ? Prenons le cas de la force physique : puissants ou faibles, tout le monde en possède dans une certaine mesure. Mais, l’a-t-on déjà vue, entendue, sentie, touchée ou goûtée ? Comment reconnaît-on son existence ? Le plus simple d’esprit comprend que pareils phénomènes sont identifiés non pas à travers les sens, mais par leurs effets.

Lorsqu’après [de longues] réflexion un individu trouve un moyen pour sortir des difficultés qui l’accablent nous admettons l’existence de l’intelligence, la faculté innée l’ayant secouru. Nous ne l’avons identifiée par aucun des cinq sens mais en constatant ses prodiges. De même, lorsqu’un autre porte une lourde charge, il est évident qu’il possède quelque capacité lui permettant de la soulever ou de manipuler physiquement tout autre objet à sa portée : nous appelons cela la force ou la capacité physique.

En somme plus un élément est raffiné et subtil, plus il est imperceptible à l’œil nu. Son existence est reconnue par ses effets et non par la vue, l’odorat, le goût ou le toucher. Comment en ce cas fixer comme condition qu’on croira en Dieu qu’après L’avoir vu quand Il est, en réalité, le plus subtil d’entre tous ? A-t-on déjà vu l’électricité ? Peut-on pour autant nier son existence quand il sert à envoyer des télégrammes, actionner des machines ou allumer des ampoules ? La recherche moderne sur l’éther a initié de nombreuses percées dans les sciences physiques, mais les scientifiques ont-ils pu découvrir une méthode pour voir, entendre, sentir, toucher ou goûter ce composé ? Nier son existence rendrait inexplicable le processus par lequel la lumière du soleil atteint la terre. Face à ces constats, demander à voir Dieu pour croire en Lui sera un sérieux manquement [de la part des athées].

Allah l’Exalté est certainement visible, mais uniquement par des yeux capables de Le voir. Pour ceux qui souhaitent Le regarder, Dieu se tient devant eux par Sa force et Sa puissance : bien qu’Il soit caché, Il est le plus manifeste de tous. Il l’explique dans le Saint Coran en des paroles concises, mais ô combien incomparables :

لَا تُدْرِكُهُ الْأَبْصَارُ وَهُوَ يُدْرِكُ الْأَبْصَارَ وَهُوَ اللَّطِيفُ الْخَبِيرُ

Les yeux ne peuvent pas atteindre L’être d’Allah l’Exalté, mais c’est Lui qui les atteint. Il est l’Incompréhensible, le Tout-Conscient.[1]

Allah l’Exalté informe les êtres humains que leurs yeux sont incapables de Le voir car Il est subtil et les subtilités les plus fines sont indiscernables par la vue. La force, l’intelligence, l’âme, l’électricité et l’éther sont invisibles : comment la vue humaine peut-elle saisir la subtilité de l’être de Dieu ?

Face à ce constat, comment les gens sont-ils censés voir Dieu et connaître Sa personne ? Le Saint Coran répond :

وَهُوَ يُدْرِكُ الْأَبْصَارَ

Autrement dit, Il atteint lui-même l’œil humain.

Bien que la vision humaine est trop faible pour pénétrer dans la réalité de son Être, Dieu se révèle à l’homme à travers Sa puissance, Sa force et la manifestation de Ses attributs parfaits. L’œil humain ne pouvant Le voir, Il se manifeste de différentes manières notamment par Sa puissance et Sa force infinies, soit par des punitions calamiteuses, par Ses prophètes, par des signes de miséricorde ou par l’acceptation des prières. Après ces explications, près de quatre cinquième des phénomènes du monde doivent être niés si l’on insiste que la reconnaissance de l’existence de Dieu est toujours conditionnée par l’observation et que rien ne peut être accepté avant d’être vu.

Selon certains philosophes, cela sera vrai pour tout phénomène, car d’après eux aucun objet n’est perceptible, seuls leurs attributs peuvent l’être.


Source : Publié pour la première fois en mars 1913 dans le magazine Tashheez-ul-Azhan sous le titre Das Dalail Hasti Bari Ta’ala (Les dix preuves de l’existence de Dieu) et réimprimé dans le volume 1 de la série Anwar-ul-Uloom, pages 413 à 431.

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