Nous traversons une période sans précédent : nous sommes au bord d’un conflit mondial potentiel aux conséquences inimaginables. Lors d’une récente audience privée, j’ai eu la chance de poser quelques questions à Sa Sainteté, Hazrat Mirza Masroor Ahmad, Khalifatoul Massih V (le cinquième Calife) – qu’Allah lui accorde Son aide puissante –concernant l’état actuel du monde et le déclenchement potentiel d’une guerre mondiale, dans le contexte du discours de Sa Sainteté au symposium annuel de l’IAAAE 2022. Vous trouverez ci-dessous le texte de la discussion pour le bénéfice de nos lecteurs.

Amer Safir : Houzour (Votre Sainteté), nous avons eu très peur après avoir entendu votre discours à l’IAAAE.

Sa Sainteté : Dans quel sens ?

Amer Safir : Houzour, bien que vous ayez régulièrement parlé des conséquences d’une guerre nucléaire, c’était la première fois que nous entendions Houzour parler d’un projet de reconstruction dans l’après-guerre. À la table où j’étais assis, des gens envisageaient sérieusement d’acheter des terres en Afrique. Certaines personnes disaient que maintenant la situation semble s’aggraver et si, Dieu nous en préserve, elle s’aggrave davantage pour en arriver à un conflit nucléaire, comment pourrons-nous avoir accès même à des rations [de base] en cas de catastrophe mondiale aussi dévastatrice ?

Sa Sainteté : Généralement, dans des conditions difficiles, on peut au moins bénéficier de rations pendant deux à trois mois pour maintenir sa consommation de nourriture et d’eau.

Cependant, dans le pire des scénarios, celui d’une guerre nucléaire, entraînant des conséquences extrêmement épouvantables, que subsistera-t-il ? En dehors de la grâce et de la miséricorde d’Allah, rien ne peut demeurer.

Donc, vous devez d’abord voir ce qui restera dans le scénario extrême d’un conflit nucléaire, si la végétation ou la vie animale pourra même subsister. Il faudrait commencer une nouvelle vie en tant que telle, car au lendemain d’une guerre nucléaire, les effets de la radioactivité auront des conséquences considérables. Que ce soit au-dessus du sol ou sous terre, le rayonnement pénétrera ; et normalement là où les humains meurent, la végétation mourra également. Les scientifiques ont dit que pendant plusieurs années, le rayonnement pourra avoir un impact direct sur le sol de surface. Cependant, étant donné que les éléments radioactifs sont absorbés par le sol, même le terreau souterrain pourrait devenir inutilisable. Certains experts disent qu’après un certain nombre d’années, il pourrait redevenir possible de faire pousser des cultures. Le sol devra être enlevé jusqu’à quelques pieds de profondeur, puis le terreau sous-jacent pourrait être utilisé pour faire pousser de la végétation. Cependant, à ce stade, il faudra voir si les graines à planter sont même disponibles.

En bref, c’est un scénario potentiellement terrifiant et horrible que l’humanité ne peut même pas envisager. Qui sait qui survivra et qui mourra dans de telles circonstances ? C’est pourquoi, selon l’avertissement que je donne depuis un certain temps maintenant, le monde doit prendre garde et reprendre ses esprits.

On dit qu’aux États-Unis, des bunkers ont été fabriqués, dont certains coûtent entre 1,5 et 4,5 millions de dollars à l’achat. Les gens riches achètent ces bunkers, qui sont créés en fonction de leur capacité à supporter ou à résister à une bombe atomique. Mais à quoi serviront-ils si seulement une poignée de riches survivent et que les moins nantis périssent tous ?

L’Afrique et l’avenir de l’humanité

En termes d’accès à la nourriture et à la subsistance, la nourriture est actuellement exportée vers l’Afrique, mais nous devrons peut-être obtenir la nourriture d’Afrique. Nous pouvons investir dans l’agriculture en Afrique. En effet, la possibilité pourrait augmenter pour l’Afrique – ou toute autre région du monde non directement touchée – de devenir à l’avenir le grenier à blé du monde.

Lorsque le Messie Promis (paix soit sur lui) avait dit : « Ô Europe, tu n’es pas en sécurité, et ô Asie, tu n’es pas à l’abri non plus ; et ô habitants des îles, aucun faux dieu ne viendra à votre secours. Je vois des villes tomber et des habitations dévastées… » il est intéressant que l’Afrique n’ait pas été mentionnée ici. Mon esprit se tourne donc vers la possibilité que, peut-être, le continent africain sera sauvé. C’est une pensée qui se formule. Ou peut-être qu’une grande partie de l’Afrique sera épargnée. Ainsi, nous pouvons investir en Afrique, car à l’avenir, l’Afrique pourrait contribuer à nourrir le monde.

Amer Safir : Houzour, pourriez-vous expliquer, s’il vous plaît, comment l’Afrique va nourrir le monde alors qu’actuellement dans certains pays d’Afrique, les circonstances ont tout l’air de dépasser leurs moyens ?

Sa Sainteté : Il y a beaucoup de potentiel en Afrique. Cette lacune est due à un manque de planification, d’investissement et d’honnêteté. Si une planification et une honnêteté appropriées sont établies et que les intérêts personnels sont évités, il y a alors un énorme potentiel inutilisé en Afrique. Il est nécessaire de réaliser ce potentiel et d’en tirer profit de manière appropriée.

Le rôle des musulmans Ahmadis

Amer Safir : Houzour, il y a de nombreux ingénieurs, architectes, médecins et autres qui peuvent pratiquement aider à réaliser la vision de reconstruction que Houzour a décrite dans le discours [au symposium] de l’IAAAE. Que peuvent faire les autres ahmadis, ceux qui n’ont pas ces compétences, pour jouer un rôle ?

Sa Sainteté : Un ahmadi doit prier que le monde soit sauvé de cette catastrophe avant qu’elle ne se produise, et doit également prier pour être protégé des conséquences si elle se produit. Que pouvons-nous faire d’autre? Lorsque nous voyons les ténèbres devant nous, cela nous amène à en expliquer aux autres les conséquences. Seul Allah peut à présent sauver le monde et peut insuffler un certain sens en ces gens, ou rendre fructueux tous ces efforts de leur fournir des explications. C’est pourquoi j’ai écrit des lettres aux dirigeants du monde il y a environ un an ou deux en leur disant que pour sauver le monde de la destruction, ils devront revenir à la raison et ne pas négliger leur Créateur. Cependant, ils ne parviennent pas à écouter ou à comprendre. Ils sont vaincus par le matérialisme et seule la miséricorde d’Allah peut les sauver.

Mais vous devez garder à l’esprit que personne ne peut affirmer avec une certitude à 100 % ce qui va se passer exactement maintenant. Nous ne pouvons que prier qu’Allah nous sauve de cet anéantissement, si tel est Son décret. Et si le décret d’Allah est à l’inverse, alors qu’Allah fasse en sorte qu’une dévastation généralisée qui causerait la mort de larges pans de l’humanité à travers le monde soit empêchée.

Moment propice pour se rapprocher de Dieu ?

Amer Safir : Nous avons observé qu’à travers Covid certaines personnes ont changé leur vie pour se rapprocher de Dieu, ou au moins ont donné de plus grandes priorités à leurs familles et à des aspects plus importants de la vie qu’elles négligeaient auparavant. Un conflit mondial servira-t-il également le même objectif d’être un tournant ou un avertissement ?

Sa Sainteté : En effet, c’est un avertissement. Dans de telles circonstances, il y a des gens qui se tournent vers Allah. Et c’est ce que j’ai dit à de nombreuses reprises, à savoir que les individus nobles et sincères se tourneront vers Dieu et la religion. Mais quand ils le font, il devrait y avoir un guide pour ces personnes qui recherchent la vérité. C’est pourquoi il est impératif que nous ayons un contact avec les gens au préalable – et ainsi, lorsque la situation se présentera et que les gens demanderont « Que devons-nous faire à présent ? », nous pourrons être là après, pour les guider vers Dieu et leur montrer le chemin à suivre. Ce n’est que si nous avons des liens avec les gens en amont que nous pourrons les guider après. Si nous n’avons pas d’interactions appropriées avant cela, cela deviendra plus difficile, car les gens ne sauront même pas qui nous sommes.

Et donc, à très grande échelle, nous devons diffuser largement le message de l’islam Ahmadiyya. Nous devons transmettre aux gens ce que sont nos objectifs et décrire notre but d’amener l’humanité vers Dieu. Nous devons leur expliquer que nous devons respecter les valeurs humaines pour sauver le monde de la catastrophe.

Communication

Amer Safir : Houzour, en cas de destruction aussi généralisée, comment serions-nous capables de communiquer efficacement notre message alors que de nombreuses formes de communication pourraient être détruites ?

Sa Sainteté : Alors que certaines installations pourront être détruites au sol, il peut encore rester des satellites dans l’espace et il se peut qu’il soit possible de continuer à communiquer avec des moyens tels que les téléphones satellites ; nous pourrions les utiliser pour maintenir le contact normal. Il pourrait y avoir d’autres formes de communication ou de systèmes que nous pouvons utiliser. Si l’Afrique et d’autres régions sont épargnées par la destruction, ceux qui auront été sauvés pourront communiquer avec d’autres dans différentes régions. Mais nous devrons attendre de voir quelles seront les circonstances. Il se peut qu’il y ait un degré quelconque de destruction dans certaines zones mais que d’autres zones soient épargnées. Parfois, Allah donne une leçon en faisant d’une zone plus petite un exemple, sans effectuer un anéantissement complet. Allah peut fournir un exemple dans une certaine zone pour montrer l’incapacité de l’humanité à faire face à la destruction locale, en guise d’avertissement : « Envisagez le scenario si une telle destruction se produisait sur une zone beaucoup plus vaste ».

Conséquences d’un conflit nucléaire

Amer Safir : Houzour, vous êtes allé à Hiroshima et y avez visité le musée. Pourriez-vous partager ce qui s’y trouve concernant la bombe atomique ?

Sa Sainteté : À Hiroshima, il y avait de nombreux mannequins et images qui dépeignent, par exemple, une personne assise quelque part et qui est figée dans cette position après l’impact de la bombe atomique. Certains ont été étourdis et sont morts dans cette position, la chair de leur corps fondant et se détachant. Certains bâtiments qui ont survécu à l’explosion, comme celui avec son dôme et ses tiges [d’acier], ont été conservés. Parfois, les gens se sont figés dans leur position après l’explosion mais ne sont pas morts immédiatement.

À travers l’interprétation de versets du Saint Coran, nous comprenons qu’Allah le Tout-Puissant nous parle d’un tel feu ou d’une destruction qui atteindra le cœur d’une personne avant même son corps.

Cela nous indique que de telles catastrophes enveloppent une personne subitement.

 

Effets délétères de l’actualité sur les enfants

Amer Safir : Houzour, dans d’autres guerres et conflits récents, nous avons pu, dans une certaine mesure, protéger nos enfants des nouvelles. Mais avec la situation actuelle, les enfants sont assez exposés à l’actualité. Ma nièce a mentionné que dans son école la classe avait reçu des instructions sur ce qu’il fallait faire en cas de guerre et comment s’y préparer ici au Royaume-Uni ; par exemple trouver des abris souterrains et avoir d’autres éléments essentiels à portée de main tels que des torches. Ma fille m’a dit qu’elle avait très peur et qu’il devait y avoir beaucoup d’autres enfants qui ressentaient la même chose. Comment rassurer nos enfants qui, dans cette situation, ont très peur ?

Sa Sainteté : Vous pouvez fournir des explications aux enfants en fonction de votre sagesse et de votre compréhension. Expliquez-leur qu’Allah le Tout-Puissant a dit que lorsque les droits de la justice sont usurpés, lorsque les droits d’Allah sont négligés, lorsque le matérialisme, la cupidité et la mondanité enveloppent complètement les gens, voilà le résultat. Nous pouvons observer le précipice que le monde a maintenant atteint en adoptant cette voie ; et la conséquence logique de tout cela est le déclenchement de la guerre. Si le monde n’empêche pas la guerre, le résultat sera la catastrophe et la destruction. Il y en aura qui survivront, et d’autres qui ne survivront pas.

Cependant, malgré les destructions survenues pendant la Seconde Guerre mondiale, et à Hiroshima et Nagasaki, des villes entières ont été reconstruites et réaménagées par la suite. Nous devons encore faire des efforts car la vie et la mort sont entre les mains d’Allah seul. Nous devrions prier que ceux qui survivent soient sauvés et protégés des implications à long terme, de la souffrance et des angoisses. Mais avant tout, nous devons prier qu’Allah nous sauve et nous permette d’éviter cela.

Les prières des enfants sont particulièrement agréées. Faites donc en sorte que les enfants augmentent leurs prières et attirez leur attention sur la supplication.

Conflit russo-ukrainien : qui à raison ?

Amer Safir : Certaines personnes prennent parti dans le conflit actuel entre la Russie et l’Ukraine.

Sa Sainteté : Qui a raison et qui a tort ? Tout le monde aura une position. Personne n’a 100% raison ni 100% tort. Regardez les réalités et les faits, puis forgez-vous une opinion.

Peut-on éviter un conflit mondial ?

Amer Safir : Houzour, la plus grande question que tout le monde se pose est la suivante : existe-t-il encore une chance d’éviter la guerre et de sauver le monde d’une guerre nucléaire ou d’un conflit mondial ?

En matière de religion, Allah ne provoque pas une destruction complète ; une telle destruction est plutôt due au non-respect des droits des gens. En matière de religion, Allah infligera le châtiment dans l’Au-delà. Par exemple, pour ceux qui commettent le Chirk (associer des égaux ou des partenaires à Dieu), la colère d’Allah se manifestera sur eux dans la vie à venir.

La prière

Amer Safir : Y a-t-il autre chose que nous puissions faire maintenant, Houzour ?

Sa Sainteté : Nous devons continuer à prier pour que les gens respectent les devoirs envers Allah et Sa création et que le désordre et les conflits prennent fin.

Écrivez à Poutine, écrivez à Biden, écrivez aux dirigeants de l’OTAN pour [leur demander de] résister à s’engager dans la guerre et de ne pas prendre de mesures qui mènent à la guerre et qui détruisent le monde. Quel que soit le pays où l’on réside, les gens devraient écrire à leurs dirigeants respectifs dans la mesure du possible.